L’ascension fulgurante d’Al Capone : du petit voyou au roi du crime

Al Capone est l'un des plus célèbres gangsters américains du XXe siècle. Il a régné sur le crime organisé à Chicago pendant la période de la prohibition, en contrôlant le trafic d'alcool, la prostitution, le racket et les jeux d'argent. Il a accumulé une fortune colossale et une réputation redoutable, avant de tomber pour fraude fiscale.

Les origines : un immigré italien à Brooklyn

Al Capone est né à Brooklyn, à New York, le 17 janvier 1899. Il est le fils d'immigrés italiens originaires de Naples. Son père est barbier et sa mère couturière. Il grandit dans un quartier pauvre et cosmopolite, où il fréquente l'école jusqu'à l'âge de 14 ans.

Il quitte ensuite les bancs de l'école pour travailler comme commis dans une épicerie, puis comme ouvrier dans une fabrique de munitions. Il se lie d'amitié avec des jeunes de son quartier, qui font partie de bandes de rue. Il se fait remarquer par son caractère impulsif et violent. Il se fait aussi surnommer “Scarface” (Balafré), à cause d'une cicatrice qu'il porte sur la joue gauche, résultat d'une bagarre dans un bar.

Il entre progressivement dans le milieu du crime, en travaillant comme videur dans un cabaret, puis comme homme de main pour Johnny Torrio, un puissant chef de gang qui opère à Brooklyn et à Chicago. Il suit Torrio à Chicago en 1919, où il devient son bras droit.

L'apogée : le maître de Chicago pendant la prohibition

En 1920, les États-Unis adoptent la prohibition, c’est-à-dire l'interdiction de fabriquer, de vendre et de consommer de l'alcool. Cette mesure crée une demande énorme pour l'alcool de contrebande, qui est importé du Canada ou produit clandestinement. Al Capone voit là une opportunité de faire fortune.

Il prend le contrôle du trafic d'alcool à Chicago, en éliminant ses rivaux ou en les corrompant. Il dispose d'un réseau de distilleries, de dépôts, de camions et de bars clandestins appelés “speakeasies”. Il emploie des centaines d'hommes armés pour protéger ses intérêts et intimider ses ennemis.

Il étend aussi son influence sur d'autres activités illégales, comme la prostitution, le racket et les jeux d'argent. Il gère un véritable empire criminel, qui lui rapporte des millions de dollars par an. Il s’installe dans une luxueuse villa à Miami Beach, où il mène une vie fastueuse.

Il acquiert aussi une notoriété publique, en se présentant comme un homme d'affaires respectable et généreux. Il distribue de l'argent aux pauvres, finance des soupes populaires et des hôpitaux. Il entretient des relations avec des personnalités politiques, médiatiques et artistiques. Il devient le symbole du “rêve américain” inversé.*** Mais il se fait aussi des ennemis, parmi les autorités fédérales, les journalistes et les citoyens qui dénoncent sa violence et sa corruption. Il est impliqué dans plusieurs affaires sanglantes, comme le massacre de la Saint-Valentin en 1929, où sept membres du gang rival de Bugs Moran sont abattus par des hommes déguisés en policiers.

La chute : la prison pour fraude fiscale

Al Capone échappe pendant longtemps à la justice, grâce à ses avocats, ses complices et ses pots-de-vin. Mais il commet une erreur fatale : il ne déclare pas ses revenus au fisc. En 1931, il est arrêté et jugé pour fraude fiscale. Il est condamné à 11 ans de prison et à une amende de 50 000 dollars.

Il purge sa peine dans plusieurs prisons fédérales, où il bénéficie d'abord de certains privilèges, comme des repas spéciaux ou des visites de sa famille. Mais il est vite démasqué pour avoir soudoyé des gardiens, et il est transféré à la prison d'Alcatraz, sur une île au large de San Francisco, en 1934.

Là, il est isolé du monde extérieur et soumis à un régime strict. Il ne peut plus exercer son influence ni gérer ses affaires. Il souffre aussi de problèmes de santé, notamment de la syphilis, qu'il a contractée dans sa jeunesse. Il devient de plus en plus faible et confus.

En 1939, il bénéficie d'une libération anticipée pour bonne conduite. Il retourne à Miami Beach, où il vit reclus avec sa femme et son fils. Il meurt le 25 janvier 1947, à l'âge de 48 ans, des suites d'une pneumonie et d'un arrêt cardiaque.

Al Capone reste dans l'histoire comme le gangster le plus célèbre et le plus redouté des États-Unis. Il a incarné l'ascension fulgurante et la chute brutale d'un homme qui a voulu défier la loi et le pouvoir. Il a inspiré de nombreux films, livres et chansons, qui ont contribué à forger sa légende.